Ecosse 2022

Notre croisière de printemps Pogo, comme chaque année, nous a réservé quelques surprises ! Nous avions choisi l’alternance : après l’Espagne et le Portugal l’année dernière, cap au Nord. Notre but était, en fonction de la météo de monter le plus vite possible en Ecosse vers Oban et Tobermory pour visiter les Hébrides, si belles. La suite fut merveilleuse… mais quelque peu différente !

  • Les participants : Bruno B. 36 BOOMERANG 2 de Saint-Malo, Thierry G. 8,50 SO WHAT ! de Sainte Marie de Ré, Claude N. 12,50 VENULLUS de Port la Forêt,  Henri M. 30 LéTHé de La Trinité et Xavier P. 30 X-RAY de Lorient Kernevel
  • Le principe habituel : regroupement de Pogo qui n’est en rien une régate, un rallye et encore moins une croisière avec des GO ! A chaque escale nous nous regroupons dans une ambiance festive, voire très festive, pour un debrief de la navigation et l’analyse météo des jours à venir pour définir les objectifs. Nous nous refilons des tuyaux et chacun fait son propre routage en fonction de son logiciel. Très instructif. D’où l’on remarque que certains, quoique âgés (lol,) sont de véritables geeks et maitrisent un nombre impressionnant d’applis très pratiques sur leur téléphone. N’est-ce pas Bruno ?

Partis de Lorient le 14 mai, le premier objectif fut un regroupement à Lesconil après une toute petite journée. Cela nous permet de recaler un minimum de choses  essentielles pour une croisière longue avec pour objectif la sécu en considérant que certains sont en solo : l’autonomie en eau, carburant, moyens de communication satellite, médicaments etc.… Il s’avérera que pour certains, c’était une grande aventure !!! Les révisions confiées à des tiers pour l’hivernage s’avéreront très tôt calamiteuses.

Pour nous retrouver aux Scilly, la météo semble favorable pour passer le Raz et faire une halte à Ouessant. Le principe : mouiller à Lampaul, jamais de NW à SW, est respecté. Sauf qu’après la Vieille, passée sans encombre, il y a pétole… Et là, le moteur de Thierry, parfaitement révisé à la Rochelle se met à fumer… Nous convenons alors après concertation de le laisser, porté par le courant,  rentrer dans la baie de Douarnenez pour réparations. Monter en mer d’Irlande sans moteur est pour le moins  inenvisageable. Thierry, avec son optimisme habituel nous indique : «  ne vous inquiétez pas, je vous rejoindrais en Ecosse ». Oups, cela commence mal et un affreux doute nous envahit. Nous avions tort : avec un 8,50 tout est possible, tout est réalisable.

  • Départ de Lampaul le 16 à 13h30 en duo avec Venullus et son fier équipage, route vers les Scilly :100 nautiques. Trouvons heureusement deux boules de mouillages libres ; ce qui nous convient parfaitement en prévision du gale warning force 8 à 10 annoncé pour le soir… Nous faisons connaissance avec Anne et Bruno B. qui nous ont rejoint de Saint-Malo et allons fêter cela avec notre premier fish and chips ! le 36 est un superbe bateau et son équipage au taquet : à nous l’Ecosse !
  • Le 19 la mer est encore forte mais nous avons du SW. Il faut en profiter. Partis à 16h de St Mary’s pour passer à l’ouest du rail en plein jour nous filons bon train sous gennak vers Dunmore où nous arriverons vers midi. 145nm, belle nave. La météo toujours favorable nous poussera à Greystones après 97 nautiques puis en Irlande du Nord à Ardglass le lendemain. D’où l’importance de bien prendre sa douche discrètement( ?) en duo avec son spi après un affalage trop rapide à notre goût. Naviguer en solo s’avère un métier !
  • Le 22 nous sommes en Ecosse à Campbeltown .YES. Escale très sympa. Ils ont le bon goût de nous proposer un bon restau juste en face du ponton. Parfait. Vivres-lessives et repos.
  • En deux jours nous rejoindrons Carradale et Tarbert en passant par le loch Ranza, notre premier. C’est beau. 2 ris trinquette. Très belle balade, nous sommes sous le charme.
  • 25 mai de Tarbert à Largs en faisant le tour de l’ile de Bute. Partis cool avec 2 ris trinquette. Arrivé au N de cette île nous faisons connaissance avec les vents catabatiques. Ces vents qui descendent de la montagne ont le mauvais goût de ne pas s’annoncer… 43 nœuds heureusement au portant. Un anglais qui voulait faire la course avec X-RAY sous génois seul a peu goûté le phénomène : départ au lof, bateau couché, affalage en catastrophe. Bruno me contacte par VHF : il est bien sûr devant( !) et commence à redescendre. La route se resserre fortement et nous convenons avec sagesse de plier pour passer tranquillement au moteur ce cap dangereux par vent fort et turbulent.
  • Route vers le canal de Crinan. Nous arriverons à Ardrishaig vers midi mais un dimanche. Et là ce n’est pas une bonne pioche du tout. A 15 h nous passerons notre première écluse et puis… c’est tout. Nous sommes bloqués jusqu’au lendemain. A nous les midgees, minuscules moustiques charmants mais écossais affamés ! Quinze écluses plus tard, arrivée à Port Crinan pour faire route vers le S de jura à Lowlandman’s Bay. Seuls. Magnifique. Le passage de ce canal fut une expérience certes intéressante mais nous ne la referons pas. En solo ne jamais laisser un instant ses deux amarres au taquet pendant l’éclusage : certains éclusiers sont fort pressés…
  • 31 mai. Arrivée à Port Ellen à Islay (prononcer : aïla). Grand moment. Nous arrivons sans le savoir le premier jour de la semaine d’Islay : chaque jour de la semaine, une distillerie célèbre ouvre ses portes à tour de rôle pour un open bar. Des moments inoubliables où par exemple des équipages français dont nous tairons les noms, reviendront sur les pontons en super forme et participeront à un karaoké géant pour le grand plaisir de nos amis écossais qui ne sont pas les derniers à faire la fête. Au bout de deux jours notre foie devenant gras, et d’un commun accord nous levons l’ancre pour le Loch Tarbert à Jura. Il faut éliminer.
  • Passons dans le sound d’Islay entre Islay et Jura. Entrée dans la baie de Bunnahabhain en face d’une distillerie (une de plus) mais mal abritée. Nous dormirons finalement en face. Le lendemain nous filons vers Craobh. Grosse découverte : nous avions bien vu sur nos cartos pas mal de sigles comme des vaguelettes. Il s’avère que c’est un signal de danger= courant. Oui mais fort, voire très fort. Le passage entre l’île Elean Mor et Jura risque d’être un souvenir impérissable si vous ne  le faites pas parfaitement à l’étale. Cela peut bien se passer mais… Il s’avère qu’il s’agit du gouffre de Corryvrekan avec des marmites impressionnantes. 3ème plus grand maelstrom du monde. Des vidéos de tout fous emmenant des passagers casqués dans des semi-rigides  sur les bords des tourbillons sont spectaculaires. Et certains paient pour le faire…
  • Si vous voyez 11,7n sur le fond par temps calme : vous y êtes ! Par la suite nous serons très vigilants sur ces sigles et les horaires de marée. Ils  sont indiqués à de nombreux endroits.
  • 3 juin de Craobh à Puilladibraihn. Magique. Nuit au mouillage. Grande balade parmi les troupeaux, passons un champ avec une centaine de lapins peu farouches juste à côté d’un pub dans ce tout petit village. Grosse ambiance. Repartons pour la civilisation vers Oban en passant par le tout petit loch Ellean Dubh. Entrée resserrée mais après, tout simplement magnifique. Peu de voiliers au mouillage. Autre très belle balade, d’abord en annexe, entourés de phoques, puis à terre. Somptueux. Quel calme.
  • 6 juin : belle visite de l’abbaye Saint Colomba d’Iona. Nous apprécions dans le calme face à la mer. Ces orgues basaltiques de Staffa sont certes impressionnants mais il y a infiniment plus beau à une poignée de miles en face. Si vous passez par Dutchman’s Cap vous aurez le souffle coupé : accueillis par des hordes de petits pingouins vous devrez mettre à l’eau votre annexe, faire une grimpette puis avoir le plaisir rare comme Bruno de vous approcher très très doucement à moins de dix mètres de petits macareux. Moment magique
  • 7 juin de Gometra Loch à Tobermory. Les jolies cartes postales de ce petit port avec des maisons très colorées s’avèrent exactes. Ce fut une très agréable étape que nous recommandons. Et ce d’autant plus que la marina d’Oban, incontournable pour des transferts vers les aéroports n’est autorisée que pour deux jours maximum…D’où un repli sur la marina en face à Kerura. Et là bien qu’abritée, c’est plutôt la pampa… Mais une sympathique surprise nous y attend : Henri M. nous accueille au ponton. Propriétaire d’un 30 Léthé basé à la Trinité, se balade en équipage en Ecosse. Tiens donc. Pas très porté sur une adhésion association. Quelques dégustations de breuvages typiquement écossais plus tard et sans doute dans l’euphorie il prendra son adhésion à l’AIP et deviendra membre de l’AIP ! Henri fera avec nous la descente vers la France. Quand à Thierry G. sur son 8,50 que nous avions laissé à Douarnenez avec de gros problèmes mécaniques,  nous recevrons un après-midi un mail inattendu :  “j’arrive !!!!” Nous avons cru à une blague mais après son arrivée improbable en solo aux pontons, nos retrouvailles au bar du yacht club furent homériques … Chapeau Thierry.
  • Nous avions prévu de faire un stop à Oban pour rentrer en France 48h par Glasgow puis ensuite de retourner visiter les îles Hébrides avec un nouvel arrêt à Tobermory. Emmanuel notre excellent webmaster nous avait fait saliver … Mais cela c’était avant…
  • Après une visite de Glasgow pas folichonne après nos semaines magnifiques près de la nature, il a fallu se rendre à l’évidence : les conditions étaient pourries. Bruno et Anne sous la pluie et le vent avait  fait un séjour en face de Tobermory dans le loch Aline et rien d’autre en huit jours. Bref la cata.
  • Premier coup de vent, deuxième. Conseil de guerre : les fichiers météos sont exécrables pour les prochains jours. Monter sur les Hébrides est inenvisageable. Peu ou pas de marinas pour s’abriter. C’est certainement très beau mais par baston ? Après réflexion, nous convenons de redescendre tranquillement en se protégeant des îles. Mon petit fils de 16 ans me fera la joie de faire avec moi les mille milles du retour et sera décoré par Anne du macareux d’or !
  • En général en mer d’Irlande le vent dominant vient du SW puis il vire au NW. Cà c’est dans les livres. Nous aurons quatre dépressions successives et aucune bascule nous permettant de faire du portant. D’Oban nous descendrons à Tarbert Loch à Jura toujours en faisant attention aux Dangerous Tidal Streams  puis prendrons un coffre à Gigha Island avant de rejoindre Rathlin en Irlande du Nord.
  • Nous sommes le 17 juin et cela ne s’arrange pas. Arrêt au port de Glenarm puis Carrickfergus au NW de Belfast. Passage par le loch Strangford puis Carlingford. Entre les dépressions il y a pétole. Arrivée à Dublin à Dun Laoghaire. Accueil tonique à la capitainerie : venant du N nous avions l’obligation de nous annoncer à la VHF. Ce que nous ignorions… Arklow puis Kilmore. Petit port très sympa un peu bondé ! C’est notre quatrième avis de grand frais. Tous les très gros chalutiers sud irlandais resteront bloqués par trois ou quatre à quai pendant quatre jours comme nous ! Dehors cela déménage.
  • 29 juin Un petit créneau s’ouvre à nous. Bruno et Anne envisage avec leur 36 de rejoindre le sud de l’Angleterre. Les deux 30 fileront vers les Scilly. L’arrivée vers l’Angleterre s’avérera difficile. Quand à nous, nous atteindrons les Scilly vers 23 heures après 141 nautiques.
  • Le 3 juillet arrivée à Sainte Marine pour les deux 30 après une halte à Ouessant. Bruno et Anne sur leur 36 font des petits sauts au Sud de l’Angleterre avant de rejoindre Saint Malo. Claude N. avec son 12,50 avait également fait le sud de l’Angleterre avant de rejoindre le premier rassemblement Pogo à Barneville Carteret. Quand à Thierry G. et son 8,50 tout va bien pour lui : ayant de la famille sur Oban, il en profita pour faire un stop bien mérité avant un retour beaucoup plus calme que pour nous.

L’aventure, c’est l’aventure. Ce printemps 2022  nous avions fait route vers le Nord. Au mois de mai prochain ce sera plein Sud ! A bientôt, si le cœur vous en dit …

 

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